Astonvilla, groupe emblématique de la scène rock française, est donc de retour et ce disque d’une liberté réjouissante ravira les fans de la première heure avec des hymnes pop comme « Saison 2 », ode à la paresse tout en humeur sensuelle et cordes somptueuses,« Julia » et sa trame Amour/Destruction ou « Les Gamins » écrit par Fred Nevché. Mais c’est aussi le disque de tous les possibles pour le trio dont on n’avait plus de nouvelles depuis Joy Machine en 2014. Fred Franchitti, son bouillant leader, en avait profité pour exaucer le rêve fou de devenir cuisinier et d’avoir son propre restaurant à Marseille, jusqu’au moment d’être rattrapé par la crise du Covid et l’envie de refaire de la scène. On reprend les répétitions et on s’en fout ! Le mantra de leurs retrouvailles au début de l’année 2022 résonne finalement sur chaque note de cet album composé en seulement 8 mois, à l’instinct, avec pour unique moteur le plaisir et beaucoup de spontanéité.C’est ce lâcher prise qui permet au trio de livrer de divines surprises comme l’intrigant « Harem Japonais », fulgurance enregistrée en quelques heures ou « Beat Generation » co-écrit avec Seream, flashs psychédéliques sur les traces de Kerouac dont les mots vénéneux s’égrènent sur d’hypnotiques patterns électro.
« Fallait-il », histoire d’un amour qui prend l’eau bouleverse par son chant minimal sur tapis de synthés et « Splendore Evolution » est un tube tout aussi imprévu, immédiat avec ses riffs nerveux. La basse, les guitares de Tony Halet et les rythmiques mates et dansantes de Greg Baudrier ont évidemment leur importance, elles habitent cet album détonnant dont on guette à chaque titre les subtiles déflagrations.
Après 30 ans d’expériences, Astonvilla livre donc un album plein d’une sève nouvelle, entre prise de risque et évidence mélodique, un disque aventureux qui bouscule et donne envie d’onduler tout en éveillant la flamme par sa poésie cash et ses récits d’amour borderline. Et qu’on ne parle pas de renaissance à Fred. Quand on l’évoque, il sourit en rappelant que sa vie n’est que résilience depuis qu’il a compris qu’il faudrait composer avec un handicap devenu son moteur et sa force, de celles qui permettent de contourner les obstacles pour s’imaginer sur une ligne d’horizon pleine de Superspectives.
Christophe Crénel
Astonvilla est de retour plus fort que jamais, avec un Superspectives aussi marquant qu'étonnant.
On pense à une réponse francophone des rockeurs flamands deus, dans cette façon de prospecter de nouvelles (super) perspectives soniques à leur rock bouillant. Comme sur "Harem japonais", aux sonorités urbaines matinées de poésie sociale bien sentie.